mercredi 20 juin 2012

Retour en arrière !


Dan Simmons a été à l'honneur deux fois en moins d'un an en VF. Après un Drood tortueux, il revient avec un récit plus facile à suivre et ramassé dans le temps : Flashback !

Dan Simmons est dans le métier depuis de longues années. Il a touché au polar,à la SF ( Les Cantos d'Hypérion, Illium,etc…) et au fantastique ( Le chant de Kali,Terreur, L'échiquier du mal,etc…), genre qu'il maitrise selon moi bien mieux que les deux autres.

Avec Flashback, Simmons nous entraîne aux confluents de la SF d'anticipation et du polar musclé. Nous sommes en 2035 et le monde a changé ! L'Amérique est divisée,l'Europe est sous la coupe du Califat Global, la Chine s'est effondrée financièrement en entrainant plusieurs puissances avec elle ( dont les USA ) et le Japon est devenu le moteur de la reconstruction. Une drogue, le flashback, est apparue et elle permet de revivre un souvenir parfait. 
La nation américaine dans sa majorité s'adonne à cette "récréation" pour revivre ses heures de gloire. 
Nick Bottom est un ancien flic accro au flash qui lui permet de revivre auprès de son épouse décédée. Devenu détective privé, il est engagé par Nakamura-san pour enquêter sur le mort de son fils survenue 6 ans plus tôt. Une affaire que Nick connaît bien : c'est lui qui bossait dessus du temps où il avait encore sa plaque.

Le postulat de base reste classique dans le genre polar. Dans le genre SF, les inventions ne cassent pas trois pattes à un canard. Mis à part cette nouvelle drogue, les technologies mises en avant ne sont que des améliorations de celles que nous utilisons déjà et non pas des innovations de la-mort-qui-tue. Cela a néanmoins le mérite de mettre le lecteur à l'aise avec l'aspect technologique, ce qui n'est pas toujours le cas dans le cadre parfois loufoque de la science-fiction.

Simmons sait comment ferrer le poisson et il est difficile de lâcher le livre : non seulement on veut savoir qui est le responsable de la mort de Keigo Nakamura ( le minimum pour un livre centré sur une enquête ) mais l'on est vraiment happé dans ce nouveau monde qui paraît réaliste vu celui dans lequel nous vivons actuellement.  Et je dirais : "heureusement qu'il sait chopper le lecteur parce que ce qu'il propose est loin d'être original." Certains emprunts sont flagrants : la drogue qui permet au héros de revivre des souvenirs avec sa femme "en rêve" rappelle furieusement Inception , le film de Christopher Nolan. Le monde post-apocalypse financière renvoie à Mad Max ou Dark Angel ( la série télé de James Cameron), etc..

Les séquences de pure action (et il y en a quelques unes) sont écrites avec soin et minutie. Bourrées de détails, elles restent cependant extrêmement fluides à lire mais surtout se montrent d'une efficacité redoutable : une fois que votre cerveau s'imagine la scène qu'il lit, vous avez l'impression d'être dans un film mené tambour battant ! Il n'est pas donné à tout le monde de donner une véritable impression de vitesse lors de telles séquences écrites et encore moins quand on a le sens du détail.

Dan Simmons tire superbement parti du nouvel ordre mondial qu'il décrit dans son roman pour créer une toile de fond complexe dans laquelle le héros va se retrouver happé mais l'auteur cède à son ire chronique pour l'islam , sa passion masturbatoire pour Israël, ses approximations historiques et ses théories purement américaines (comme quoi ce qui les met en cause ne peut-être que des coups montés : comme le réchauffement climatique par exemple*. En parlant de coup monté, on parle un peu des fausses preuves avérées pour envoyer des troupes en Irak ? Ou encore que la solidarité sociale est la cause future de tous les maux et de l'effondrement certain des sociétés?) : tous les défauts mineurs de L'échiquier du mal se retrouvent à la puissance 10 dans cet ouvrage. Le temps nous dira si il a raison dans sa vision de l'avenir (après tout, la SF d'anticipation est un genre prophétique qui tombe souvent juste**) mais certaines choses relève de la paranoïa absolue (encore que…) à tel point que l'auteur est sujet de vives polémiques qui ont conduit à l'éviction de son traducteur attitré qui n'officie donc plus depuis Drood.

Reste que, malgré certaines idées politiques un peu limites, le livre se lit vite malgré ses 500 pages et fait passer un bon moment de lecture sans prise de tête. Un blockbuster littéraire bourré d'action et de suspense. La fin par contre essaye d'entretenir un mystère à la Inception mais cela ne fonctionne pas si l'on a fait attention à certains détails dans l'écriture d'un ou deux chapitres. Vivement conseillé pour son côté distrayant…mais attendez la version poche !

Version poche qui je l'espère corrigera la pléthore de "ç'a" et de "ç'aurait" qui devraient logiquement être corrigée en "ça a " et "ça aurait ". Cette faute aberrante est de plus en plus répandue dans l'édition française de nos jours alors que 1° même à l'oral on double bien le son " a " et que 2° les correcteurs d'orthographe automatiques de divers traitements de texte (et de certains navigateurs internet comme Google Chrome par exemple) marquent cette faute comme flagrante avec leur petite ligne rouge si caractéristique. Il s'agit donc bel et bien d'un je-m-en-foutisme crasse indigne de figurer dans un livre. À quoi bon ouvrir des livres si même ceux-ci commencent à pulluler d'ânerie orthographiques et grammaticales ? 

*Selon le roman, le réchauffement climatique n'existe pas et n'a été qu'une invention totale et absolue. Il serait bon de remettre l'église au milieu du village. La Terre subit des périodes chaudes et des périodes glaciaires. Ces dernières durent généralement bien plus longtemps que les périodes chaudes. Et l'on sait grâce à l'étude des carottes de glace que la fin d'une période chaude est paradoxalement plus chaude que le reste de ladite période.Il y a donc bel et bien un réchauffement.Et on ne peut rien y faire : n'ayez pas peur de polluer ça ne changera rien. Par contre, en émettant certains gaz, l'activité humaine accélère le processus de réchauffement, c'est vrai. Mais nous sommes incapables de déterminer dans quelle mesure nous appuyons sur le champignon.
** Alien,Blade runner,etc…dans les années 80, montraient des mondes où la société n'était plus dirigée politiquement mais dirigée par des conglomérats d'entreprise. Dans cette même décennie,le roman Neuromancien décrivait la lutte des gouvernements et des entreprises contre un internet libre alors même qu'internet n'existait pas dans le monde réel. Des exemples pareils, la SF en regorge. 

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