dimanche 20 janvier 2013

L'impossible est du domaine du possible !


Après 5 années de bons et loyaux services, la division Fringe ferme ses portes au bout de 100 épisodes ! Alors, apothéose ou pétard mouillé ?

Fringe aura toujours été une série mal aimée par sa chaîne : la Fox ! La Fox qui lui a fait payer de ne faire que des audiences respectables et non des scores mirobolants. Plusieurs raisons à cela sans doute : la première saison voyait des épisodes de 50 minutes au lieu des 40 habituelles.Cela a-t-il perturbé un public américain enclin à de l’uniformité (Fringe est diffusée sur une chaîne accessible à tous et non sur une chaîne câble du type HBO ou Showtime) ? Le parallèle semi-évident (mais trompeur) avec X-files a-t-il découragé du monde ? Probable.

La Science-fiction ,ensuite, est un genre casse-gueule qui ne parle pas à tout le monde. Même en tentant le plus possible de garder des bases scientifiques fortes, Fringe extrapolait pas mal et cela a peut-être dérangé certains adeptes du rationalisme à outrance. Paradoxal dans un pays où les fictions tâtant du fantastique sont plus aisément acceptées (quoique ? un pays aussi porté sur la religion…)

Bref, Fringe n’a pas été le succès escompté. Elle a cependant joui d’un soutien de la part de ses fans et de la critique. Une mythologie forte, des personnages attachants dont les tourments mais aussi les moments de joie étaient écrits avec talent , une intrigue principale qui avançait vite contrairement à X-files qui s’est enlisée en son temps.

Et au bout de 4 saisons, la Fox a dit stop. Pour continuer l’aventure, il faudrait revoir le coup des épisodes à la baisse et ne livrer qu’une demi-saison de 13 épisodes. Dont acte avec cette 5me saison qui devait conclure une des meilleures séries de SF de ces 10 dernières années. Fringe était la preuve que la SF est pluriel à un niveau incroyable et qu’il serait malvenu de la cantonné à quelques sous-genres ( comme le space-opéra ou le voyage dans le temps, par exemple ).
Fringe est une série d’investigation : une enquête par semaine et un fil rouge conducteur. Mais de temps en temps, les auteurs ont joué avec cet état de fait : l’on a eu droit à un épisode rendant hommage aux polars dans la saison 2, un épisode en partie animé dans la saison 3 et un épisode dystopique montrant le futur de l’humanité dans la saison 4.

C’est à partir de cet épisode de la saison 4 que la saison 5 va se construire. Pour le meilleur et pour le pire ! Car ,si Fringe est restée jusqu’au bout une série passionnante et osant proposés des concepts de SF parfois assez hard, cette saison est tellement en dessous des autres qu’elle ne pouvait qu’être décevante. Alors oui, je sui un peu fine bouche, après tout, du mauvais Fringe reste supérieur à bon nombres de séries mais je réclame de le droit d’être en rogne ! En rogne contre les auteurs de la série qui m’ont habitué au grand luxe et qui me fournissent maintenant un simple billet en première classe. Ça reste un endroit agréable mais c’est plus du tout la même chose, loin s’en faut !




Cette saison, comme je le disais plus haut, se base sur une vision de l’avenir aperçue dans la saison précédente : les observateurs, ces êtres chauves qui ne sourient pas , ont envahi notre monde en 2015. En 2036, Etta Bishop, la fille de Peter et Olivia travaille pour la division Fringe. Ses parents et son grand-père se sont enfermés dans l’ambre il y a 21 ans et elle les en fait sortir pour l’aider dans sa lutte contre l’envahisseur. Ça tombe bien, Walter avait un plan tout prêt !
Le postulat de base n’est pas nouveau. Mais une idée aussi ancienne qu’elle puisse-t-être peut devenir intéressante : c’est le traitement qu’on lui donne qui en fait ou non la saveur ! Et ici, le traitement n’est pas à la hauteur des attentes !

Plongés en pleine période post-apocalyptique, nos héros s’adaptent trop vite à un nouveau statuquo, aux nouvelles technologies dont ils disposent. Le réseau de résistance avec lequel ils entrent en contact passe dès lors pour des guignols de première ! Pensez donc : le réseau (très petit au demeurant) est efficace mais bien moins que 4 pelés débarqués la veille au soir qui montent des plans commandos (parfois dans le seul but d’emmerder les envahisseurs alors que c’est pas comme s’il y avait un plan à suivre non plus). Il faut attendre 8 épisodes pour que les choses sérieuses se mettent en place, avant ça nous aurons eu droit à des épisodes certes agréables (mais pas géniaux ) qui faisaient avancer le schmilblick de manière lente, très lente.

De plus, les auteurs se prennent soudain les pieds dans leur propre chronologie ( qui fut effacée en partie lors de la saison 4* ) et foutent un bordel monstre : ne jamais jouer avec les paradoxes temporels sans avoir un sacré schéma avec soi, sinon on tombe dans l’effet « Looper », film au demeurant très sympa mais qui ne tient pas la route quand on essaye d’y attribuer une logique ! Pourtant, Retour vers le futur II avait bien expliqué certaines choses sur le voyage dans le temps ( dans la logique du « on peut changer le passé » loin de celle du « ce qui est arrivé est arrivé » chère à Lost ou Universal War One ). 
Hors, Fringe tombe dans le piège de manière si facile et flagrante qu’on peut se demander si les auteurs connaissent leur propre série et s’ils avaient vraiment envie de s’appliquer. Du coup, la saison tourne à vide : les paradoxes sont eux-mêmes victimes d’incohérence ! Un comble pour une série qui a toujours su où elle allait ! Et ce ne sont pas les clins d’œil émaillant la saison qui aideront : si certains sont subtils ou agréables à voir , d’autres sont carrément hors de propos (à l’image du cadavre, d’un ami d’Olivia et Peter dans la chronologie pré-saison 4, retrouvé en pleine forêt : ça aurait pu être n’importe qui d’autre, ça n’avait aucune incidence !!!! ).




Néanmoins…le côté dramatique marche encore à plein régime ! Les personnages ont toujours été le cœur de Fringe bien plus que les intrigues. Parce que malgré les dialogues trop explicatifs sur leurs sentiments, ils ont toujours été écrits avec une vraie envie de les voir progresser et surtout parce que leurs interprètes ont toujours su comment les aborder ! Si la fin du voyage m’a déçu, mes compagnons de route, eux, ont toujours fait en sorte que je ne les abandonne pas en route ! Et leur revirement idéologique ( de protecteurs du pouvoir en place , ils deviennent des "terroristes" utilisant les méthodes qu'eux-mêmes trouvaient barbares) est intéressant mais trop peu creusé à mon goût.
Alors oui, je suis en rogne. Mais cela restera une rogne éphémère.


*La fin de la saison 3 voyait la ligne temporelle être réécrite. Cela détruisait le risque de voir la série faire du surplace et surtout cela permettait de tuer certaines graines plantées dans la première saison mais qu’aucun auteurs n’avaient fait pousser : les problèmes de Peter avec la pègre de Boston, par exemple. Ces graines disparaissaient puisque l’espace-temps était réécrit comme si Peter était mort enfant ! L’utilité d’une telle réécriture de la part des observateurs n’a jamais été fournie, d’ailleurs. Tout comme le sorte de l'agent Jessup dans la saison 2.Ou encore comment fonctionne "la machine" dans une ligne temporelle où Peter n'a jamais existé, etc...

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