dimanche 14 avril 2013

Dôme sweet dôme.


À l’occasion de sa réédition au format poche et de la diffusion en juin ( aux USA) de la série dérivée produite par Steven Spielberg et supervisée par Brian K.Vaughan, retour sur « Dôme » de Stephen King ( attention, cette chronique se base sur l’édition en grand format).

Dale « Barbie » Barabara est cuistot à Chester’s Mills, dans le Maine. Était, plutôt. Suite à un différent avec le fils d’un homme politique local, il a décidé de plier bagage et de prendre la route. Le plan parfait pour un ancien sergent de la guerre en Irak qui ne tient pas en place. Sauf que la vie, cette « salope avec un gode-ceinture de 30 centimètres » (merci Mazuka) ne l’entend pas de cette oreille. Arrivé aux limites de la ville, Dale se rend compte qu’une barrière invisible vient d’encercler Chester’s Mills. Toute la cité est prise au piège sous ce que les autorités nomment « le dôme ». Big Jim Rennie, politicien véreux et shooté au pouvoir y voit l’occasion d’affermir son autorité. Tout va foutre le camp dans les grandes largeurs….

Stephen King est sans doute l’un des écrivains actuels à faire partie du haut du panier américain. Alliant aussi bien la grande littérature et la littérature dite de genre, celle-là même qui est méprisée parce que c’est de bon ton par une certaine caste intello. En prenant une situation de départ comme celle-ci, King va passer à la loupe les mécanismes de l’esprit humain face à une situation inédite (semi-inédite, revoyez Les Simpson - Le film ). Coupée de toutes autorité supérieure et sans crainte de représailles, comment agissent les petites brutes tyranniques et comment enrôlent-elles dans leur délire des personnes lambdas ? Comment se résout-on à plier l’échine ou bien au contraire à cracher à la gueule d’un pouvoir illégitime ? Le tout servi avec moult péripéties, rebondissements de situation et surtout, exploitation maximale du concept de base.

Le tout n’est pourtant pas exempt de défauts : la longueur excessive est un facteur un poil rebutant et le manichéisme de la chose est parfois flagrant (c’est vraiment les méchants contre les gentils), néanmoins les personnages sont bien caractérisés et explorer beaucoup plus les zones de gris aurait alourdi un livre déjà gros de 1200 pages (nous aurions eu quoi ? Le double ? Indigeste non ? ). La toute fin est elle aussi décevante face au reste du livre. Mais c'est le voyage qui compte, pas la destination ! Et quand le bateau est mené d'une main royale, difficile de lâcher le truc !!



Le gros point noir provient de la traduction et du travail éditorial : c’est un florilège qui nous est servi ici. Coquilles ( il faudra attendre la fin du premier volume pour savoir si le Colonel américain en charge des opérations à l’extérieur du dôme se nomme Cox ou Fox ) , manque de cohérence ( les références culturelles sont désastreuses : on passe une fois de Les disparus à Lost, comme s’il s’agissait de deux séries différentes, etc…) et l’éternel ç’a en lieu et place de ça a (alors que même phonétiquement personne ne prononce ç’a, il y a toujours un doublement de la voyelle bordel de merde ! ).

En résumé, « Dôme » est un excellent livre à défaut d’un chef-d’œuvre ( à quelques poils près ) massacré trop souvent par un travail d’amateurs de la part des éditions Albin Michel. Faire ça à Dan Brown, passe encore, mais à King ? Impardonnable !

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