mardi 28 mai 2013

Django , déchaînez-vous !

À l'occasion de sa sortie en dvd et blu-ray, retour sur le dernier film écrit et réalisé par Quentin Tarantino !

Après avoir rendu hommage à des genres qu’il pouvait transposer à l’ère actuelle, Quentin Tarantino a commencé, avec Inglorious Basterds (2009) , à s’attaquer à des films de genres complètements dépendants de l’époque à laquelle ils se déroulent. Après « le film de guerre  40-45», QT s’attaque aux westerns, qu’ils soient américains ou spaghetti al dente et bolognaises ( ah si, vu la quantité de sang dans le film, il a clairement envoyé la sauce ! )

Le Dr King Shultz, un dentiste reconverti en chasseur de primes, est à la poursuite de trois truands. Sa seule piste est un témoin : Django. Problème, Django est un esclave du sud des États-Unis quelques années avant la Guerre de Sécession. Schultz retrouve Django avant qu’il ne soit vendu et lui propose un pacte : l’aider à trouver ses cibles et il rendra sa liberté à Django. Les deux hommes se mettent donc en chasse et deviennent amis. Ils forment une équipe d’exception sur diverses missions et lorsque Django décide de retrouver sa femme de qui il a été séparé, notre ex-dentiste se joint à lui.

Un Quentin Tarantino, c’est toujours un événement en soit. Parce que l’homme a parfaitement compris les mécanismes de narration des films et qu’il possède en outre une culture cinématographique à faire pâlir d’envie n’importe quel cinéphile un tant soit peu sérieux !



Django Unchained est différent des autres films de Tarantino. En effet, si le film est encore clairement divisible en séquences, Quentin Tarantino laisse tomber son découpage sous forme de chapitres, découpage qui l’accompagne depuis ses débuts ! Sa verve et son sens des dialogues sont toujours aussi aiguisés mais les répliques cultes et les lignes d’humour fins mais à l’effet explosif ont-elles aussi disparues.  Comme si le sujet grave au centre de son film, l’esclavagisme, avait pris le pas sur le verbeux du cinéaste. Néanmoins, on parle de Tarantino et si les dialogues sont en dessous de ce à quoi il nous a habitué, nous restons quand même plusieurs crans au dessus de la concurrence !

Et ces dialogues sont joués par des acteurs très en formes. Jamie Foxx a une classe folle mais reste assez classique. C’est du côté de Christoph Waltz et de Leonardo DiCaprio qu’il faut chercher pour prendre son pied. Le premier ,en passant d’un chasseur de juifs à un chasseur de primes , reste dans le domaine de la traque d’humains mais dont les motivations sont tout à fait différentes. Doté d’un caractère affable et d’un bon fond, son personnage attire la sympathie dès les premières lignes de dialogues. DiCaprio , quant à lui, semble s’amuser comme un fou à jouer les salopards finis ! Samuel L.Jackson campe le secrétaire de DiCaprio, un esclave plus esclavagiste que le Ku Klux Klan et complètement exécrable !



Si le film souffre de quelques longueurs ( 2H43 de métrage ) , il n’en reste pas moins un très joli spectacle visuel. Outre une photo soignée, certaines images sont d’une beauté graphique étonnante  (le sang giclant dans le champ de coton, les couchers de soleil).
Le montage s’offre quelques surprises, comme un flash-back calme en pleine chevauchée (et nous valant une scène savoureuse sur les encagoulés du sud ).
La mise en scène et la réalisation sont bien entendues soignées et confèrent au film une ambiance, si pas follement originale, tout à fait palpable d’histoire tragique dont le dénouement se fera dans le sang, les larmes et la violence.




Car arrivé aux moments de bravoures, Tarantino va faire parler la poudre comme il a jadis fait parler le sabre Katana dans une scène interminable de fusillade où le rouge deviendra la couleur principale sur l’écran ! Et si les scènes de palabres sont parfois un peu longues,sa maîtrise formelle de la mise à mort est une fois de plus comparable à un opéra sanglant. Un Dies Irae monumental prenant aux tripes et qui ne vous lâchera qu’une fois la dernière note jouée !
Moins jusqu'au-boutiste dans sa démarche qu'Inglorious Basterds, Django Unchained n'en reste pas moins un bon gros morceau de cinéma qu'il serait mal avisé de dédaigné malgré ses quelques lourdeurs.


D’un point de vue technique, le blu-ray est une merveille. L’encodage est un sans faute et l’image proposée ici est un ravissement pour les rétines ! Les oreilles aussi en auront pour leur argent puisque les rendus sonores sont parfaitement rendus. Attention toutefois à ne pas pousser le volume trop loin, vos voisins pourraient appeler les flics , pensant qu’une fusillade se déroule dans votre salon. Les bonus sont par contre d’une pauvreté affligeante et on se demande bien pourquoi Tarantino n’intervient pas plus et dans plus de documentaires pour nous parler de son film et de ses influences. Une déception terrible à ce niveau !

dimanche 19 mai 2013

Mais elle n'aime rien cette fille !


Elle nous avait lâché l’info dans cette interview il y a quelques mois, c’est désormais chose faite : Myriam Leroy sort son second bouquin, toujours aux éditions Renaissance du livre.

Encore une fois, il s’agit d’un recueil/best-of d’une chronique hebdomadaire qu’elle tenait à la radio,ici Pure FM. Elle a tenu cette chronique deux années durant, avant d’être remerciée car les coups de gueule n’étaient plus au programme à l’avenir : lissons le paysage audio-visuel et vivons au pays des bisounours !

Mais plutôt que de zieuter au microscope anthropologique un certain type de la population comme les bobos, Mlle Leroy dézingue allègrement  dans la joie et souvent la bonne humeur d'une mauvaise foi assumée, tous les sujets sensés mettre les gens d’accord. Inception, Intouchables, les vacances, les enfants, Game of thrones etc…tout y passe.

Dans un style bien à elle, plein de références belgo-belges ( charité bien ordonnée) ou pop-culturelles , Myriam Leroy nous entraîne dans un tourbillon de défauts évidents (enfin, plus ou moins : mauvaise foi, vous vous rappelez ? ) , de coup de couteau dans le politiquement correct, de TNT dans l’avis général !
Certes, elle enfonce parfois des portes ouvertes (mais pas ouvertes pour tout le monde ) mais n’oublie jamais de quand même forcer la serrure avant …quant aux portes fermées, elle les arrache pour allumer le bûcher des sujets de ses vaticinations.

Son petit livre (125 pages ) s’ouvre sur la lettre d’une mère de famille voulant s’opposer à la sortie de l’ouvrage, parce que donner son avis oui, mais un avis négatif, « c’est vraiment trop méchant pour le monde », le tout avec les fautes de syntaxes et d’orthographe lancées comme ça, sans prévenir. Au milieu de l’ouvrage, un festival : menaces de morts, insultes, appels au suicide, j’en passe et des meilleures (là encore, les fautes de français font mal aux yeux).

Myriam Leroy se fait défoncer par des personnes sectaires qui ne supportent pas la remise en question où que l’on ose toucher à ce qu’ils aiment ( car ça serait les attaquer eux ? Sectaire vous dis-je ! Et le premier qui dit que je suis comme ça avec Steven Spielberg ou Christopher Nolan se prendra un coup de machette dans les couilles et devra les bouffer une par une, compris ? ). 




Alors que le tout est nappé d’un second degré que l’on pourrait découper au couteau tant il est visible. La meilleure preuve ? La dernière chronique s’intitule « Myriam Leroy n’aime pas Myriam Leroy ». Mieux, ceux qui la suivent sur Twitter savent qu’il s’agissait aussi bien souvent d’un jeu littéraire ! Combien de fois, paniquée le lundi matin, ne demandait-elle pas à ses petits followers qui l’aiment dans leurs cœurs de beurre s’ils n’avaient pas un sujet de chronique pour elle car l’échéance du mardi approchait ?

Vous savez quoi ? La moitié de ce bouquin descend des choses que j’aime…et pourtant j’ai rigolé (ou parfois juste souri) à chaque chronique. Parce que c’est drôle, frais, joliment écrit et que bordel, être méchant, même par procuration, ça fait un bien fou. Et rien que pour ça, j’aime que Myriam Leroy n’aime pas !


Et petit bonus : Myriam Leroy n'aime pas la France !

lundi 13 mai 2013

S'il était si bien surveillé, comment ils ont fait pour le laisser filer ?


Si ma génération ( les pré-trentenaires, et oui ma petite dame) ne considère sans doute plus Robert Redford comme LE fantasme absolu ( et son fils spirituel, Brad Pitt, est lui aussi en train de perdre cette aura), il n’en reste pas moins que l’acteur/réalisateur arrive encore à monter des projets sur son simple nom : signe qu’au-délà du sex appeal, il y a aussi une bonne dose de talent, chose qu’il n’a plus à démontrer depuis…Pffiou, sans doute avant ma naissance.

Il revient avec ses deux casquettes principales (acteur ET réalisateur)  avec le thriller The Company You Keep (traduit en français par le quelque peu hors sujet Sous Surveillance ).
À la fin des années 60, un groupe anti-guerre du Vietnam voit une de ses factions se radicaliser violemment. Des bombes sont posées dans des bureaux gouvernementaux. Leur action se terminera lors d’un braquage de banque mortel : les auteurs disparaissant dans la nature, sans laisser de trace. 30 ans plus tard, Sharon Solarz, femme au foyer sans histoire, se fait arrêter par le F.B.I. pour son implication dans le hold-up de la banque.

Son arrestation va lancer un jeune journaliste arrogant et un brin arriviste, Ben Sheppard, sur les traces des autres membres du groupe. Très vite, il va découvrir et publier l’histoire de Jim Grant, un avocat veuf et père d’une fille de 11 ans, qui se trouve être en réalité Nick Sloan, un membre supposé de la bande. Sous le feu des projecteurs, Grant disparaît. Le F.B.I se lance à ses trousses ainsi que Sheppard, seule personne chassant Grant pour trouver plus qu’un fugitif : la vérité !

Si l’on se penche un peu sur la carrière de Redford en tant que simple réalisateur, on distingue vite que ses thèmes de prédilections sont l’histoire américaine et les mythes modernes de son pays. Il n’est donc guère étonnant de retrouver ses deux aspects dans ce film. La période trouble de la guerre du Vietnam est un terreau encore fertile pour lancer une intrigue et la figure emblématique du journaliste lancé dans une quête de vérité et de justice est un archétype qui n’est pas prêt d’être usé, surtout aux USA où le 4me pouvoir jouit de toute une mythologie bien ancrée par des années de fictions cinématographiques, télévisuelles et romanesques sur le sujet !



Ce long-métrage possède en réalité deux rôles principaux :
-Jim Grant, joué par Redford himself (on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même ), lancé dans une course poursuite pour échapper aux agents fédéraux à ses trousses. L’acteur a encore de sacrés restes, priez pour être aussi bien conservés à son âge avancé (il va sur ses 77 ans mine de rien).
-Ben Sheppard, journaliste brillant mais en quête de scoop quel qu’en soit le prix, clé du succès pour garder son job même si le prix humain est élevé. Il est interprété par Shia LaBeouf qui démontre que oui, il sait jouer la comédie et même autre chose que les gentils ahuris se frittant avec des robots géants venus de l’espace.

Si tout l’aspect thriller est assez convenu dans son déroulement et dans sa résolution, il n’en reste pas moins très efficace et prenant. Les acteurs sont convaincants et les dialogues suffisamment bien écrits pour couler naturellement. La mise en scène est elle-aussi assez classique ainsi que la réalisation : pas de grandes envolées de caméras ou de mouvements complexes à mettre en œuvres. Et la majorité des dialogues sont présentés en champ/contre-champ, à quelques variations près.



Mais  , dans ce canevas classique, on trouve sans aucun doute ce qui a attiré Robert Redford sur le projet au delà des thèmes de bases qui font son cinéma. Car le film, subtilement, au travers des dialogues et des relations entre les personnages, fait apparaître toute une série de questions pertinentes : peut-on justifier la violence, quelle part de nous-mêmes peut-on perde en laissant derrière soit son identité, que reste-t-il des idéaux de jeunesse quand l’ont devient adulte ? Des questions passionnantes auxquelles Redford ne répondra pas car il n’y a pas de réponses claires et définitives. Et il a le bon goût de ne pas imposer ses pensées.

Pour les cinéphiles, les destins de Grant, pourchassés par le gouvernement et de Sheppard, en quête d’une histoire explosive, renvoient directement à deux films dans lesquels Robert Redfort tenait le premier rôle : Les trois jours du condor et Les hommes du président (ou accessoirement La Classe Américaine. Oui mon petit Lio, j’ai osé !). Ce dernier film explique sans doute pourquoi le personnage de Shia LaBeouf , au départ assez antipathique, acquiert plus de profondeur au fil de l’intrigue. J’imagine en effet très mal Redford cherchant à taper sur un journaliste qui décide de faire son boulot correctement en sortant de ses confortables pantoufles rembourrées !



Plusieurs gueules du cinéma anglo-saxons actuels et passés ont accepté de jouer , parfois 10 minutes, pour Redford. Cela va du très bon Stanley Tucci à des pointures comme Susan Sarandon ou Nick Nolte ( et je ne cite que ceux-là : le nombre de visages connus et assez hallucinant, surtout quand on a pas lu l’affiche avant, ce qui était mon cas : la surprise était totale et très agréable).

Néanmoins, ces questionnements et ces références cinématographiques masquent parfois mal les défauts flagrants du film. Si Robert Redford a encore de très beaux restes, il est à la limite de l’incrédibilité en homme sensé avoir quoi, la soixantaine ? Ensuite, la temporalité du film est étrange. Si les événements du film se situent 30 ans après des faits survenus en 1969 ( ce qui semble être confirmé par l’âge approximatif d’un des personnages nés plus ou moins à cette époque ) alors toutes les références à Google, Facebook et Twitter sont complètements anachroniques. Idem pour les technologies des téléphones portables et tutti quanti !



Au final, The company you keep, est un thriller parfois un peu bancal dont les principales qualités arrivent de justesse à contrebalancer des défauts quelquefois assez flagrants et qui vaut plus pour le questionnement qu’il devrait provoquer chez le spectateur que pour son intrigue à proprement parler. Mais faire penser et réfléchir  son auditoire n'est pas donné à tout le monde et reste l'un des tours de force les plus frappants dont est capable le cinéma avec un grand C ! Et rien que pour ça...

vendredi 3 mai 2013

L'homme de fer, l'homme à tout faire.


Changement de réalisateur pour la saga Iron-Man au cinéma. Adieu Jon Favreau, acteur comique de second plan recyclé de lui-même en réalisateur et bonjour Shane Black, réalisateur/scénariste du très bon Kiss Kiss Bang Bang (avec un certain Robert Downey Jr, tiens tiens ) en 2005, son premier film. Alors ce changement est-il salutaire ? Oui, indéniablement oui !

Kiss Kiss Bang Bang, c’était le film de la résurrection pour Robert Downey Jr. Celui qui lui a remis le pied à l’étrier après une traversée du désert monumentale. Souffrant de problèmes d’addictions, Downey a vu Hollywood lui tourné le dos. Il a repris sa vie en main grâce à des années d’efforts. Et Shane Black lui a offert de revivre sous les projecteurs ! Pourquoi aller rechercher un acteur tel que Robert Downey Jr pour son premier film ? Pour être certain de faire le buzz ? Pas si sûr non, car Shane Black lui-même revenait de l’enfer, ces deux là étaient fait pour se relancer mutuellement !


Car si son nom ne vous dit rien,les films qu’il a scénarisés vous sont connus et pas qu’un peu.  L’arme Fatale et L’arme fatale 2, c’est lui ! Avec son dosage presque parfait d’action violente, d’humour (souvent cynique) et d’introspection du héros, Black a crée un nouvel archétype dans le cinéma. Parce que sans Martin Riggs, pas de John McClane ( Die Hard ) voire même de Stanley Goodspeed ( Nicolas Cage dans The Rock ).

Shane Black est donc vite remarqué par les studios qui changent les règles. Très souvent, un studio achète un scénario à un prix raisonnable et le fait retravailler par d’autres auteurs pour arriver à un résultat (parfois très éloigné du script acheté) qui lui convienne. Black devient un chouchou illico presto, on achète ses scénarios lors d’enchères à des prix mirobolants. Le dernier Samaritain, Au revoir à Jamais et Last Action Hero le rendent riches. Mais ce succès, loin de lui monter à la tête, le rend dépressif. Et les crashs consécutifs de Last Action Hero et de Au revoir à Jamais en rajoutent une couche. 
Dès lors ( dans les années 90 ), Shane Black n’est plus sollicité pour écrire , il ne reçoit même plus de coups de fil pour Noël. Son «  trésor » de guerre lui permet de vivre plus ou moins correctement même s’il est parfois obligé de louer sa maison pour des tournages les mois où aucun royalties ne tombent. C’est petit à petit qu’il se relèvera. Et en 2005, Hollywood assiste à sa renaissance en compagnie d’un acteur génial !



Iron-Man 3 est son second film, en 8 ans.

Avant d’entamer la critique à proprement parler, j’aimerais définir quelques notions si vous le voulez bien !
Univers Marvel : Monde de BD remplis de super-héros qui existe depuis plus de 50 ans.



Ultimate Marvel : Monde de BD remplis de super-héros qui existe depuis plus de 10 ans. Il s’agit d’une remise à zéro des concepts les plus vendeurs de Marvel mais qui démarraient vierges de toute continuité trop lourde, pour que de nouveaux lecteurs se familiarisent avec les héros Marvel sans être dégoûtés de louper toutes les références. Cette réinterprétation est plus qu’un remake mis à niveau de l’époque puisqu’elle ne reproduisait pas toujours les mêmes schémas et jouait avec les connaissances supposées du lecteur.



Univers Marvel Studios au ciné : Monde de fiction cinématographique vieux de 5 ans ( Les X-Men et Spider-Man sont apparus avant mais les droits appartenaient aux studios Fox et Sony ) . Ce monde est une réinterprétation dans un autre média, une sorte de Ultimate Marvel Ciné qui se nourrirait des deux univers vendus dans les comics.



Fanboy : dévot presque sectaire qui aime les comics de façon religieuse et qui ne supporte pas qu’un détail même minime soit changé dans les réinterprétations cinés mais qui le prend avec le sourire et émerveillement quand il s’agit de la version Ultimate imprimée sur papier. 
Le fanboy est un troll des forums qui se croit légitime car il agit en bande semi-organisée. Et je préviens tout de suite : je refuse d’engager le débat avec des fanboys incapables de faires la différence entre comics et "art de la mise-en-scène" : laissez un commentaire à vos risques et périls.

Ces notions sont destinées aux néophytes qui vont voir les films sans connaître les comics ou le monde dangereux des forums du net , car elles reviendront dans cette critique.

Les USA subissent les assauts d’un terroriste qui se fait appeler le Mandarin ( Ben Kingsley). Ce dernier a lancé de multiples attaques contre des intérêts américains. Le Président a mis sur le coup War Machine (l’armure grise dans Iron-Man 2), rebaptisé Iron-Patriot et repeint aux couleurs du drapeau. Le pilote, James Rhodes (Don Cheadle) est un ami de Tony et lui fait savoir qu’Iron-Man n’est pas demandé, c’est une opération militaire et les super-héros sont priés de rester à l’écart . Mais quand un ami de Stark se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, Tony, fou de rage, lance un défi au Mandarin, lui promettant de le tuer et de finir par lui donner son adresse personnelle. La réaction ne se fait pas attende, Stark est attaqué et supposé mort.




Avant toutes choses, sachez que ce film est en réalité plus une suite à Avengers (autant dire que ça part très mal donc ) qu’à Iron-Man 2. En effet, la dernière aventure de Tony Stark n’a pas eu lieu dans le dernier film centré uniquement sur ce héros. C’est donc dans ce film-ci que Tony Stark va devoir gérer les conséquences psychologiques des événements survenus à New-York où il a failli mourir lors d’une invasion alien bidon et indigne du cinéma bollywoodien  ( bollywood : le hollywood indien, cheap et kitsch même de nos jours ,alors que rien que grâce aux ventes en Inde, ce cinéma rapporte plus que le cinéma américain) ! 

Mais on peut se demander pourquoi il ne demandera pas l'aide de certaines de ses connaissances. Si dans les comics, chaque héros possède une galerie de vilains qui lui prennent du temps et donc l'empêche d'aller résoudre les soucis des autres, il n'en va pas de même dans cet univers de cinéma qui voit plus de héros dans les rues que de menaces ( ce qui laisse donc vachement plus de temps pour filer un coup de pouce aux copains!!!!).

Tony Stark nous compte des événements survenus en 2000 et nous précise que ceux-ci allaient donné naissance aux démons de sa vie future. Et c’est sur cet aspect que le film sera vraiment lancé. Les aventures en tant qu’Avengers ne concerneront pas l’intrigue principale mais bien la psyché de Stark : sa prise de conscience de l’existence des aliens, des dieux et autres joyeusetés trouble cette homme rationnel et scientifique ! Il ne dort plus et passe son temps d’insomnie à travailler sur ses armures, quitte à un peu laisser de côté sa petite amie. De 7 armures conçues sur 3 films, Stark passe dans cette quatrième aventure à…42 !



Malgré les changements de scénariste et de réalisateur, le film ne marque pas une coupure dans la saga. Shane Black ne se pose pas en conquérant cherchant à tout prix à marquer son territoire. Non, il se place dans la continuité de ce qui a été fait avant lui tout en cherchant à hausser le niveau, ça s’appelle le respect. Le respect pour le travail des autres et le respect pour le spectateur qui vient chercher ce qu'il avait aimé tout en espérant être surpris !
N’allez pas pour autant croire que les changements ne sont pas là, ils sont bien présents !

Dès l’ouverture du film, le ton est donné : AC/DC a disparu. Pas d’effet facile musicalement pour mettre dans l’ambiance, Black nous y plonge par le dialogue et les situations. 
En 5 minutes il a exposé le tempérament de Stark et posé les bases des problèmes qui viendront le tourmenter durant le film. L’un de ses problèmes étant le fameux virus EXTREMIS bien connus des lecteurs de comics. Le mode de fonctionnement diverge de son équivalent papier mais les bases restent les mêmes. On regrettera que ses effets changent d’intensité d’un individu à un autre. Idem pour le personnage du Mandarin : les fanboys vont hurler à la trahison et détesteront le film pour ce simple détails sans se soucier du reste du métrage. Hors, ceci est une adaptation. Une adaptation c’est la traduction d’une œuvre vers un autre type d’œuvre. Et TOUS les traducteurs du monde vous le confirmeront : traduire c’est trahir ! Mais est-ce vraiment une trahison et non un jeu ? Le spectateur lambda est vierge de toutes données sur Le Mandarin et le lecteur de comics croit tout savoir. En trahissant, Shane Black ne met-il pas tout le monde au même niveau ? Ne réussit-il pas à surprendre tout le monde ? La réponse est : oui ! 
Et c’est là le plus important ! Car il s’agit d’un film. Le cinéma est un média de masse et le film se doit de parler aux gens et non pas à une petite caste d’érudits qui veulent voir un comics sur grand écran. Bin lisez-en , au cinéma on projette des films ! 
Je n’en dirai pas plus, mais sachez que Ben Kingsley livre ici une prestation mémorable dans le rôle du Mandarin et l’on sent tout le grand plaisir qu’il a pris à être sur le plateau du tournage ( ce qui lui arrive rarement, il avoue lui-même juste encaisser le chèque quand le projet est mal engagé.), presque autant que dans le Hugo de Scorsese ! Il a le regard brillant de l'homme qui aime ce qu'il fait , et c'est comnunicatif !




La grande qualité d’Iron-Man 3 c’est d’avoir diminué drastiquement, voire même carrément gommé, la majeure partie des défauts d’Iron-Man premier du nom quand le second volet les avaient amplifiés au delà du bon sens. Premièrement, le scénario étant terminé AVANT le tournage du film, les acteurs ne peuvent ( ne doivent ) plus improviser en tentant de garder le cap du film. 
Black est avant tout un scénariste et donc protège son bébé de scénario. Robert Downey Jr ne doit donc plus en faire des caisses ni des tonnes (ni des tonnes de caisses) pour compenser la vacuité de certaines séquences (ne redoutez rien, il reste très expansif). 
Les répliques font mouches (à défauts d’être cultes ) et l’humour reste très présent mais sans phagocyter le film. Il est là, il y en a beaucoup mais encore une fois il ne s’agit pas de faire rire pour cacher le vide. Les personnages ont de la répartie et quand l’humour provient d’un élément qui ne fonctionne pas, cela relance la machine dramatique (un peu comme dans Mission :Impossible Ghost Protocol  quand le matériel déconne et que le corps accuse le kilométrage !Drôle sur le moment mais galère galère pour le héros ).

Le tout fait penser aux films des années 80 et du début des années 90 mais réalisé avec les moyens actuels. On retrouve certaines situations, comme celle de voir un mioche aider le héros ( sans que cela soit crispant…année 80 quoi ! ). On voit aussi que Shane Black utilise certains de ses gimmicks habituels : l’ambiance de Noël et un final dans un port ( Arme fatale 1 et 2 ), la destruction de l’imagerie Hollywoodienne ( qui était au centre de Last Action Hero et qui se focalise ici sur une séquence au Chinese Theater de L.A, haut lieu hollywoodien : google est votre ami pour en savoir plus, je vais pas toujours vous mâcher le boulot non plus ! ) ou alors la dynamique du buddy movie : le héros n’est jamais vraiment seul à agir. Martin Riggs avait Roger Murtaugh, Tony Stark, lui, changera de partenaire au fil du film et des péripéties.



L’une des incohérences flagrantes du scénario, à savoir une armure déchargée alors que la plaque thoracique de Stark est supposée alimenter ses armures, nous permet de mettre Tony au cœur de l’action mais en étant bien plus exposé ! Et là, il va devoir monter qu’il est un vrai génie capable de tirer parti de son environnement  pour s’en sortir et pas juste un type très intelligent en armure. Ce qui n’enlève rien au suspens ni au sens du spectaculaire, la fin étant un joli morceau de bravoure avec son ballet des armures.

Néanmoins, Iron-Man 3 n’est pas un chef-d’œuvre. Déjà parce qu’il revient de loin cinématographiquement parlant, ensuite, parce que Shane Black a beau être plein de bonnes intentions, ce  n’est que son second film et il n’a pas encore tout à fait la main : personne ne passe d’un bon polar noir à une grande machine de guerre (oui fans de comics, il y a un jeu de mot) comme ça à moins de savoir s’entourer comme il faut ( genre Sam Mendes sur Skyfall ) et le studio ne lui a clairement pas laisser faire sur ce coup-là. Il admettait lui-même en interview qu’il y avait 100 bonnes idées à exploiter pour ce film et que Disney en avait rejeté 25 et Kevin Feige, le big boss de Marvel Studios, en avait rejeté le même nombre également.  
Enfin, si le menace est plus originale dans son traitement du terrorisme que l’habituel  « Moyen-Orient dangereux et Américains tous vertueux », on a du mal de s’en faire pour les personnages même quand ceux-ci peuvent être sacrifiés (certains personnages sont interchangeables alors que Tony , Pepper et Rhodey ne risquent pas grand-chose). 

La musique de Brian Tyler assure le job mais ne restera pas dans les mémoires à la sortie de la salle. Tyler est le troisième compositeur consécutif sur la saga. Saga qui manque cruellement de cohérence musicale, hors la musique donne toujours un peu d’identité. Et si cette identité est mouvante…
Enfin, la 3D est un gadget qui ici ne sert strictement à rien mais qui a le bon goût de ne pas gâcher la luminosité des plans, ce qui est appréciable lors des séquences de nuit qui restent compréhensibles, ouf.




Pour faire court : Iron-Man 3 est un excellent pop-corn movie bien moins crispant que les deux premiers opus qui ne reposaient que sur Robert Downey Jr et l’esbroufe des images de synthèses (et un peu les formes avantageuses de Scarlett Johanson dans le second volet puisqu’à la moindre occasion le réalisateur faisait un gros plan sur le postérieur de la demoiselle ou sur son soutif, au choix.Cruelle régression pour une actrice qui ne misait pas tout sur son physique, mais je m’égare). 
Rythmé, drôle, agréable à l’œil et doté d’un casting solide en plus de l’habituelle Gwyneth Paltrow, nous avons Rebecca Hall et Guy Pearce (parfois en train de sur-jouer, il est vrai), qui arrive à cacher les incohérences minimes mais bien présentes.




Iron-Man 3 marque peut-être l’envie de Marvel d’aller vers autre chose que seulement exploiter son catalogue, en allant chercher des auteurs plus intéressants qu’intéressés ( Jon Favrau était un fan d’Iron-Man mais un piètre conteur, Black c’est l’inverse ). Petite incongruité, le film, d'une durée de 2H10, est 12 minutes plus long en Chine, certaines scènes avec des acteurs chinois ayant été tournées spécialement pour ce marché spécifique. Il est probable (mais pas certain) que ces séquences seront disponibles sur le Blu-ray du film qui devrait sortir fin août-début septembre.




En sachant que Robert Redford a accepté de jouer dans Captain America : the winter soldier qui sortira en 2014 parce qu’il avait apprécié le scénario qui n’est ni plus ni moins qu’un thriller d’espionnage politique mâtiné d’action, je me dis que je ne me trompe peut-être pas sur leurs intentions.