lundi 21 avril 2014

Fata Morwenna.

La belle collection Lunes d'encre nous revient avec Morwenna  ( Among other things, en V.O ) de Jo Walton.


Morwenna "Mori"  et sa sœur jumelle sont victimes d'un terrible accident : Mori est gravement blessée et une de ses jambes la fait atrocement souffrit tandis que sa sœur meurt. La mère des deux filles étant folle, Mori s'échappe et trouve finalement refuge chez son père (et les 3 sœurs de celui-ci ) qui la place dans une école où elle s'intègre mal mais où elle peut assouvir sa passion pour les écrits de SF et de Fantasy. Et parler aux fées aussi, et apprendre la magie, etc…
Cela lui sera utile pour se faire des amis, trouver un monde intérieur et combattre sa folle de mère (une sorcière) qui semble vouloir sa mort.

Devant la bonne presse faite à ce roman et les prix qu'il a amassé, il me faisait de l’œil depuis que les éditions Denoël avaient annoncé avoir remporté la timbale lors de l’acquisition des droits.
Sur le papier ( oui, jeu de mots) tous les éléments étaient réunis pour plaire.

"J'avais des livres, de nouveaux livres, et je peux tout supporter tant que j'en ai."

Malheureusement le résultat final est loin de tenir les promesses et du pitch et du prestige des prix qu'il a reçu.

Présenté sous forme de journal intime, le roman ne se présente pas en chapitres mais en entrées de date.Une structure intéressante et relativement bien vue pour aider à vraiment entrer dans l'esprit de Mori. Néanmoins, une telle approche peut vite montrer ses limites tant son journal parle de tout et parfois seulement de l'intrigue principale.

C'est finalement le journal d'une fille traumatisée, déracinée et qui trouve du réconfort dans les romans (une foule, une multitude de romans. Les références frôlant même parfois le simple name dropping* ) qu'il nous est donné de lire. Les références de ces livres sont consultables en cliquant ici (attention, la liste est en anglais et certaines œuvres n'ont jamais été traduites dans nos vertes contrées).

L'intrigue avance lentement (détail qui ne pardonne pas quand le nombre de pages est relativement restreint) tant au niveau de sa vie qu'elle reconstruit peu à peu qu'au niveau de l'aspect fantastique de la chose, aspect finalement trèèèès diffus et sujet à caution ( la greffe a du mal à prendre chez moi,et je pense qu'elle hallucine, tout simplement, suite au décès de sa jumelle).

"Il y a des choses affreuses dans le monde, mais il y a aussi des livres magnifiques."

La vision du monde de Mori est souvent sans concession,elle a l'esprit rigide d'une ado qui, malgré son douloureux passé, ne connaît finalement pas grand chose de la vie et cela peut franchement agacer sauf lorsqu'on partage son avis.C'est aussi une critique bien vue du système scolaire aliénant, privilégiant l'obéissance et la bêtise humaine (le sport est parfois plus important que les points).
L'un de ses gros défauts est qu'il est une ode à la différence mais loupe le coche d'être une charge contre l'intolérance.
Le rendu des premiers émois sentimentaux et sexuels est bien écrit, entre pudeur féminine et adolescence impudique mais je n'étais sans doute pas le public visé pour ce roman.
Alors non, il ne s'agit pas d'un mauvais roman. Mais on a fait une montagne himalayenne d'un simple escalier (attention, un escalier style Vatican mais un escalier quand même).

Heureusement pour moi, les prochains romans à sortir dans la collection Lunes d'Encre sont plus ma tasse de thé.

* notons à ce sujet une drôle de chose : en page 29, Mori annonce avoir lu Futur Intérieur ( Christopher Priest, excellent roman annonçant mon préféré de cet auteur : Les extrêmes) et en page 304, cette dernière semble découvrir le titre et veut absolument le commander pour le lire.





















Heureusement que ces deux-là arrivent!

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