dimanche 11 octobre 2015

Tous pour un.

Paris, 1633. Louis XIII règne sur la France tandis que le Cardinal de Richelieu se charge de faire tourner le
pays. L'ennemi espagnol n'est pas tant retenu par la puissance militaire française que par le fait que la reine, Anne d'Autriche, était en réalité infante d'Espagne.  Mais si la cour hispanique ne s'en prend pas ouvertement à la fille aînée de l'Église, certains membres ne vont pas se priver.
Á commencer par la Griffe Noire, une société secrète de dragons. Au fil des millénaires, ces redoutables créatures ont réussi à dompter la magie suffisamment bien que pour prendre forme humaine et se mouvoir dans la nouvelle espèce dominante de la planète. Et aucune loge n'a jamais su s'installer en France. Mais la situation pourrait bien changer. C'est pourquoi Richelieu n'a pas le choix : il fait appel à une petite escouade tombée en disgrâce 5 ans auparavant, une escouade commandé par le capitaine Lafargue, une escouade que l'on surnommait " Les Lames du Cardinal" !

Pierre Pevel est un auteur français qui œuvre principalement dans la fantasy.  Et les dragons semblent peuplé son imagination ( sa trilogie précédente, La trilogie de Wielstadt avait elle aussi sa part de grand reptile cracheur de feu). L'originalité de la chose est que les dragons ont ici pris forme humaine ( et certains diront même des formes généreuses). Néanmoins, l'histoire semble rester l'Histoire dans ce monde un peu uchronique où les rares différences avec notre monde sont du domaine du détails : par exemple, Richelieu ne s'entoure pas de chats ( il a vraiment réintroduit l'animal comme animal de compagnie ) mais de dragonets. D'autres petites surprises parsèment les aventures de notre petit commando, aucune raison de spoiler. Sachez juste que l'auteur y ira de sa petite version du masque de fer : on est joueur ou on ne l'est pas.

Si la présente chronique se penche sur la trilogie, c'est pour une raison toute simple : si chaque épisode peut se lire comme une aventure des lames, ils forment une intrigue unie grâce à un fil conducteur. De plus, le premier tome met énormément de temps à se mettre en place car il présente, dans un style très travaillé et soigné, les divers personnages de l'intrigue et ils sont nombreux. Mais lue d'une traite, la trilogie souffre bien peu de ce défaut et l'on se prend vite d'affection pour certains personnages ( ceux qui ont des personnalités plus folkloriques comme Marciac ou Ballardieu, plus sombre comme Leprat ou pour les femmes fortes comme Agnès ou l'espionne Italienne).









Pevel adopte donc un style soigné mais aussi extrêmement direct et sans fioritures pompeuses. Le rythme est rapide, sans vrai temps morts tout en caractérisant les personnages (en leur donnant une épaisseur ) et même en se montrant parfois didactique, Pevel ne se privant pas de nous apprendre des choses sur des expressions, des détails historiques, etc… Apprendre en s'amusant, voila comment devrait fonctionner la littérature dans les écoles tiens !
Une des approches intéressantes et fun est d'avoir mélangé ce monde avec celui d'Alexandre Dumas : ainsi, l'on croisera certains mousquetaires bien connu, monsieur de Rochefort (mais point de Milady : évidemment car on est chez Folio ! … alors, si vous ne pigez pas la blague, c'est pas grave, même votre serviteur se sent lourd pour le coup ) et bien entendu le Cardinal, ici présenté sous une forme bien moins noire que dans les aventures de D'Artagnan ( bin oui, c'était pas Mazarin non plus Richelieu! ).

De la magie, des capes et des épées, des retournements de situation, des dragons, du feu, du souffre, de l'érotisme soft mais aguicheur. Le tout servi par une plume habile et agréable. Cependant, la trilogie n'est pas un chef-d'œuvre, il s'agit d'une très bonne série B à qui il manque parfois un peu de souffle et qui, de facto, ne vous le coupera pas des masses. Mais franchement, pas de quoi crier au scandale à la lecture. Vivement conseillée.


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