mercredi 6 avril 2016

Night Cries.

Urban Comics est sans doute l’éditeur qui aura le plus mis en avant Batman dans son catalogue, et ce depuis leurs débuts en 2012. En 4 ans, le chevalier noir gothamite (et non pas gothamien comme on le lit trop souvent, et ce même au sein des publications Urban – à l’exception de « Des ombres dans la nuit » titre fort proche du livre dont nous parlerons aujourd'hui...originalité, bonsoir ! ) , aura été le héros le mieux loti, il suffit de voir les étagères des librairies : la chauve-souris se taille la part du lion face aux autres héros DC.

Batounet revient donc dans un récit one-shot de 96 pages, Des cris dans la nuit , un roman graphique loin des habituelles super-vilenies auxquelles le protecteur de Gotham City a souvent affaire.
James Gordon est le nouveau commissaire depuis peu. Son nouveau poste l’oblige à devoir quitter les rues et à frayer avec le gotha gothamite tout en ménageant la politique du maire. Mais Gordon est un flic dans l’âme, et son boulot se trouve sur le terrain.
Son obsession à continuer d’être utile dans les allées et les ruelles de sa ville met son mariage et sa carrière en péril. Depuis quelques temps, une nouvelle drogue a fait son apparition sur le marché et Batman enquête, remonte les pistes, cuisine les suspects. Ses recherches le mèneront sur les lieux d’un crime odieux, une famille décimée de manière sadique. Mais ce massacre n’est pas le premier du genre : un serial-killer sévit dans la rue. Et l’un des rescapés accuse formellement Batman d’être le responsable…


Archie Goddwin, le scénariste, ramène Batman vers les fondamentaux de la croisade contre le crime de Bruce Wayne : pas de Joker, d’Homme-Mystère ou de tout autre membre de la galerie de tordus bons à enfermer à Arkham ici. Non , Batman arpente des rues sombres, des ambiances glauques et des toits de taudis.
Notre chauve-souris préférée frappe les criminels qui pourrissent la ville toute l’année. Goodwin articule son récit autour des maltraitances infantiles et des répercussions psychologiques sur un individu en ayant subies (parfois de manière trop clichée : un maltraité maltraitera !  Cette vision des choses en forme de chaîne à briser ne tient pas compte d’une chose : le tout premier a avoir maltraité ne peut avoir été une victime. CQFD ).
Bruce Wayne est ici très en retrait, Batman assure le show avec des seconds rôles connus ou nouveaux. Et leurs histoires personnelles vont s’articuler autour de cette thématique, de différentes façons.




C’est réellement ce sujet fort qui porte le scénario car nous sommes dans un polar pur jus : savoureux mais pas très original. Et ne poussant pas sa logique jusqu’au bout, sans doute par manque de place.
En effet, il n’aurait pas été inintéressant de pointer du doigt que chaque fois que Batman est face à un enfant en danger, cela le touche énormément, ayant été lui-même une victime dans son enfance (le meurtre de ses parents, tout ça…) or, il est indéniable qu’en embrigadant des jeunes gens dans sa quête ( les différents Robins, les Batgirls, etc…), il exerce sur eux une forme de violence psychologique. Frank Miller, dans All-Star Batman & Robin et The Dark Knight Strikes Again dépeindra même un Batman sadique et ayant abusé de Dick Grayson (le premier Robin).




Voila, donc ça c'est le Batman de Frank Miller (avec Jim Lee aux dessins).


Ces histoires particulières ne sont pas considérées comme faisant partie de la continuité du personnage ( donc non, Batman n’est pas pédophile, n’allez pas claironner ce que je n’ai pas dit) mais force est de constater que Miller n’est pas aller sucer de son pouce de tels concepts, des bases exploitables existaient. Cela étant , le scénario de Goodwin est prenant et il est difficile de lâcher le livre avant la fin de l’histoire.



Aux dessins, c’est Scott Hampton qui s’y colle. L’artiste dessine mais surtout peint les planches du graphic novel. C’était dans les années où Arkham Asylum de Grant Morrison et Dave McKean faisait autorité en matière de comics pour « adultes » et ce dernier ayant été réalisé grâce à des peintures et des collages…
Hampton soigne ses cases, ses compositions et joue souvent avec le lecteur : est-ce une peinture, du collage de peinture ou un effet ressemblant à du collage ? Difficile à déterminer mais chaque fois qu’un tel effet est utilisé, ce n’est jamais par envie d’esbroufe mais bien pour servir le récit. Les ombres, les rues sales, les visages marqués, les corps exposés…
Scott Hampton déverse devant nos yeux des textures pouvant mettre mal à l’aise et indéniablement marquantes. Il compense à lui seul les petites (toutes petites) faiblesses du scénario d’Archie Goodwin.
Petit bémol, l’usage de la peinture rend les cases un peu statiques, l’impression de mouvement ne vient jamais et il faudra au lecteur , pour garder le rythme, fermer les yeux sur ce petit problème ET ne pas s’attarder à détailler les planches comme on détaille des œuvres dans un musée (lisez le d’abord, contemplez ensuite !).




Des Cris dans la Nuit est un album inhabituel, une belle expérience de lecture et accessible aux novices comme aux initiés de la Batcave. Recommandé.


3 commentaires:

L'âme saoule a dit…

Toujours aussi cool de passer par ici...
Bonne continuation !

Geoffrey a dit…

Merci, les retours font toujours plaisir ( surtout que j'ai été moins fréquent par ici depuis quelques temps).

Margaux a dit…

Tout d'abord, j'aime beaucoup la façon dont tu régides tes articles, c'est très agréable à lire :D Les seuls couverture et titre du comics me donnent envie de le lire, c'est vraiment très, très beau. Ca nous rappelle que le comics est également un véritable art graphique. Je pense faire pas mal de chouettes découvertes sur ton blog :D